Perret: Le portrait ovale

Le portrait ovale (Le portrait inachevé?)
R: Léonce Perret. D: Yvette Andréyor, Raoul d’Auchy, Jeanne Marie-Laurent. P: : Société des Etablissements L. Gaumont. Fr 1910
Engl. subtitles

“Ces deux titres recouvrent donc un seul et même film, retrouvé à la Gaumont, sans titre ni indication de metteur en scène, et inclus dans le coffret déja mentionné sous le titre supposé de Le portrait inachevé, sans qu’aucune indication de date ne nous soit donné. Si le film est encore un peu gauche par rapport, disons, à L’automne du coeur, (…) c’est sans doute qu’il date d’avant; Perret a commencé la mise en scène en 1909, et parmi ses filmographies, on indique un ‘Portrait ovale’, d’après Poe, pour l’année 1910. Ce film se rattache en effet à cette histoire, et conte l’obsession d’un homme, un aristocrate qui a tué la femme de sa vie à l’occasion d’un accident de chasse, alors que le portrait qu’il peignait alors d’elle est resté inachevé. Il cherche des modèles pour la remplacer, en vain, jusqu’au jour ou il rencontre son sosie, physiquement du moins, car la jeune femme est, le pense-t-il, indigne de lui: il voit d’ailleurs Jeanne, sa femme décédée, lui reprocher son choix. jusqu’au jour ou pour lui plaire, Madeleine se grime en jeanne…
Ca nous rappelle forcément quelque chose; bien sur, Vertigo vient d’une histoire similaire, mais aussi, plus proche de ce film, le beau et très noir Rêves* de Evguenyi Bauer: sur un canevas similaire, le Russe allait plus loin dans le drame, mais les trois fils ont en commun le thème du sosie qui va recréer la femme morte. Mais dans ce film, cela s’exprime d’une façon directe, sans trop de pesanteur ni fioriture: Bauer, dont le film date de 1915, délaiera le temps, jouant sur la tension et les tourments intérieurs. Perret, si c’est bien lui, ne s’attarde pas. Mais la façon dont il montre l’obsession, combinée à la tendance à l’adoration de la femme (les cinq premières minutes du film, avec la séance de pose durant laquelle le marquis est hypnotisé par son épouse), nous renvoient à L’automne du coeur, une fois de plus.”
Allen John’s attic

* i.e. Bauer’s film Posle smerti, 1915

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